Souscrire à un troisième pilier est un choix individuel destiné à augmenter son capital à la retraite. En effet, le premier et le deuxième pilier, prévoyance obligatoire, ne couvrent que 60 à 75 % du dernier salaire lors de la retraite. Mettre un capital de côté tout au long de sa vie professionnelle est devenu indispensable pour assurer son niveau de vie, cependant il peut être difficile de choisir entre un troisième pilier libre et lié.
Les différences entre les deux piliers : libre ou lié
S’ils font partie tout les deux de la prévoyance individuelle et facultative, les différences entre les deux piliers, A ou B, lié ou libre, sont nombreuses. Nous avons là deux types de prévoyance individuelle qui n’ont quasiment rien à voir.
Le troisième pilier A ou lié : garantie et réduction d’impôts
Souscrire à un pilier 3A ou prévoyance liée peut se faire au sein d’une banque ou d’une assurance. Toutes les personnes travaillant en Suisse depuis plus de un an et ayant plus de 20 ans ont le droit de créer un 3ème pilier. Le cas des frontaliers est particulier, une nouvelle législation sur leur prévoyance est actée depuis le 1er janvier 2021 : voir notre page dédiée.
Pour inciter les Suisses à souscrire à un 3ème pilier, l’État a créé des déductions fiscales :
– les cotisations sont déductibles du revenu imposable sous un certains plafonds (voir ci dessous),
– les intérêts et revenus ne sont pas touchés par l’impôt sur le revenu,
– les avoirs épargnés ne sont pas comptés dans l’impôt sur la fortune,
– le retrait du capital avant le terme du contrat est soumis à un taux réduit,
– lors du décès, le capital d’un troisième pilier assurance est soumis à un impôt réduit et à aucun frais de succession.
Pour éviter les abus autour de ces réductions d’impôts, des montants maximums sont fixés.
– CHF 6’883 pour les cotisants à une caisse de pension,
– CHF 34’416 pour les indépendants non affiliés.
Le souscripteur est le seul assuré dans le pilier 3A, il doit être le seul à verser les primes.
L’ordre des bénéficiaires est strict : conjoint, enfants ou concubins depuis plus de 5 ans, parents, frères et sœurs, etc. pour le 3A Assurance.
De même, des règles strictes existent pour pouvoir récupérer son capital.
Le capital n’est disponible qu’à l’âge de la retraite. Soit 64 ans pour une femme, 65 pour un homme. Il existe néanmoins certaines dérogations :
– vous pouvez retirer les fonds 5 ans avant l’âge de la retraite,
– acheter ou financer l’achat d’un logement principal ou certaines rénovations,
– récupérer le capital avant de quitter définitivement la Suisse,
– financer une activité professionnelle si vous devenez indépendant.
Dans ce cas-là, le contrat doit stipuler une valeur de rachat (pour les contrats souscrits auprès d’assureurs) qui est souvent inférieure au capital des versements cumulés lors des dix premières années.
Une fois la durée du contrat initial finie, vous récupérez le capital total, les intérêts et un impôt de 5 à 7 % au maximum vous sera demandé. Ce montant d’imposition varie en fonction de votre canton, de votre situation familiale et professionnelle.
Troisième pilier lié : Assurance ou banque ?
On peut souscrire à un pilier A, lié dans une assurance ou une banque, les produits proposés sont sensiblement les mêmes : un taux d’intérêts fixe ou des placements sur les marchés financiers.
Les assurances, en revanche, proposent un placement « mixte » intégrant taux fixe et marchés financiers.
Pour les assurances, les versements et le capital sont contractuels, une valeur de rachat est stipulée en cas de retrait anticipé. Cependant, vous êtes couverts en cas de cessation de paiement pour invalidité, maladie, chômage etc. Selon le contrat, l’assurance prend à sa charge pendant une certaine durée les versements. Le contrat inclut souvent une assurance-vie : en cas de décès, les ayant-droits récupèrent un capital fixé, souvent égal à la somme globale prévue lors de la signature. Vous êtes aussi couverts en cas de faillite de la compagnie d’assurance.
La durée du pilier, le montant des versements, le rythme, le capital final sont figés lors de la signature du contrat avec la compagnie d’assurance. On peut éventuellement changer le montant et le calendrier, mais cela entraîne frais et pénalités.
Une option 3A bancaire procure plus de libertés, dans les limites des plafonds et règles suscitées. Les montants, leur versement, le calendrier des paiements, sa durée sont libres et non fixés par contrat comme avec les compagnies d’assurance. Les retraits anticipés sont permis sans règles ni pénalités. Néanmoins, vous n’êtes pas couvert en cas de faillite. En cas de décès, le capital sera soumis à l’impôt sur la succession contrairement à un 3A assurance
Entre assurance et flexibilité, taux d’intérêt fixe ou placement de fonds, protection ou facilité, vous avez un vaste choix entre la souscription à une banque ou une assurance, n’hésitez pas à vous rapprocher de professionnels et à faire jouer la concurrence.
Le pilier libre ou 3B : flexibilité et prise de risques
Ce pilier ne peut se souscrire qu’auprès d’une banque et pour cause, il n’a pratiquement rien à voir avec les autres piliers du système de prévoyance suisse. Il englobe en effet touts les possibilités d’épargne allant d’une assurance-vie à un compte épargne lambda, de placements boursiers à de l’argent liquide au chaud dans un coffre.
Il n’y a pratiquement aucune règle imposée :
– pas de limite de montant des primes ni du capital,
– pas de calendrier de paiements,
– pas de restrictions aux seuls salariés,
– le capital est disponible à tout moment sans pénalités,
– vous avez le libre choix du bénéficiaire : celui qui verse les paiements et le bénéficiaire peuvent être différents. Un bon placement pour ceux qui veulent mettre leur concubin ou leur enfant à l’abri des impôts et frais de succession.
Car oui, un pilier libre 3b peut dans certains cas réaliser des économies d’impôts, notamment lorsqu’il est sous forme d’assurance-vie, les rentes vieillesse sont imposées à 40% et plus pour un pilier lié. Si le montant annuel des primes versées n’est pas déductible du revenu imposable, les avantages et prestations de ce pilier libre sont nnombreuses.
Que choisir ?
L’heure du choix a sonné. Il dépendra de votre âge (le pilier lié se conçoit plus sur le long terme), votre salaire et situation professionnelle, votre fortune, vos besoins de prestations (rappelons que le pilier lié est très intéressant pour une hypothèque immobilière). Si vous avez le goût du risque ou une bonne connaissance des marchés, les placements financiers sont pour vous. Si vous préférez un taux fixe, ceux des assurances sont plus importants dans le pilier lié.
Bref, dans tous les cas, faire appel à un spécialiste, aller voir et comparer les offres des banques et assurances paraît indispensable.
Et surtout, n’oubliez pas que la loi suisse vous permet d’avoir plusieurs 3èmes piliers !
